L’amertume dure.

« Vivre est la chose la plus rare du monde, la plupart des gens se contentent d’exister, sans plus. »

Oscar Wilde était un célèbre dramaturge britannique du XIXe siècle. Il était connu pour sa plume magnifique et originale ainsi que pour son existence décrite comme libératrice et extravagante selon les normes de son époque. Quelques années après avoir commencé à avoir du succès, il sera accusé d’avoir commis des actes immoraux avec plusieurs garçons et en mai 1895, il est condamné à deux ans de prison et aux travaux forcés. Sa vie, sa carrière et sa créativité ont été rompues, ce qui l’a conduit à l’amertume et à la mort trois ans après sa libération.

Malheureusement, ce qui s’est passé avec M. Wilde n’est pas une exception, car toute personne, à un moment donné de son existence, éprouvera une certaine forme d’hostilité, de manque de respect, de diffamation, de répudiation, entre autres choses. Par conséquent, souffrir de ces harcèlements est une question de temps et non plus de possibilités ou de circonstances.

L’expérience de ces assauts génère la possibilité de la naissance de l’amertume. C’est comme une angoisse passée, qui est constamment présente, laissant l’existence dégoûtée. Elle s’accompagne de la manifestation de l’oppression, de l’affliction et de la misère. Ce sentiment est très grave et dangereux, car il ressemble à un cancer, qui érode et consume l’âme en silence au point d’être mortel, comme dans le cas d’Oscar Wilde.

Quand on écoute une histoire amère, il y a généralement la même structure et la même répétition. Comme il s’agit d’une émotion forte, elle contamine le propre récit de la souffrante, la déconcertant de la vérité et de la réalité. Progressivement, la narration prend la forme d’un drame, élevant ainsi l’agresseur au statut de démon et la victime à celui de victime souffrante. Cette déshumanisation des participants commence par légitimer et inciter au retour de la violence et favorise l’apitoiement sur soi-même. En peu de temps, la victime devient un nouvel agresseur, tant pour elle-même que pour les autres, et la pitié devient la justification de cette transformation.

Celui qui est amer aspire à la fin de sa misère, mais finit par créer, avec toutes les bonnes intentions, un piège mental pour lui-même qui ressemble plus à un labyrinthe. Plus le temps passe, plus les racines de l’amertume sont profondes, plus le labyrinthe devient complexe et ce qui se passe consomme et dévaste l’âme de cette personne ingénue. Contrairement au dicton populaire, le temps n’a pas le pouvoir de guérir, mais tel qu’il se passe en mer, le temps permet seulement aux navires endommagés de couler dans ses profondeurs, cachant à la vue de tous ce qui se passe dans ses entrailles.

La corruption de l’âme amère produit un sujet lâche et apeuré à la vie, qui ne se contente que de continuer à exister. Il renonce à ses beaux rêves et à ses désirs pour le confort et la sécurité peu organisée. Il finit par s’isoler dans une existence monochromatique, caractérisée par le moquerie des autres, par un pessimisme marqué et par un apitoiement sur soi qui ressemble surtout à un égoïsme vulgaire. Cela reflète tristement ce qui est arrivé à Oscar Wilde, qui, en raison de son amertume, a fini par avoir l’âme détruite et son écriture réduite au silence pour toujours. Sa mort ne surprend pas et témoigne de la gravité de l’amertume.

De la même manière qu’un cancer, l’amertume est silencieuse et destructrice, mais elle peut aussi être traitée correctement. Il y a toujours du temps pour ceux qui souhaitent changer. La rencontre avec la vérité produira toujours une sensation de mal-être, mais il est encourageant de découvrir qu’elle est libératrice. Le chemin du traitement est intense et apporte souvent des moments difficiles, mais il produit des fruits de guérison et de restauration dans la vie. Comme le disait Oscar Wilde lui-même, vivre est la chose la plus rare au monde, car la plupart des gens ne se contentent que d’exister, sans plus.

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